samedi 20 avril 2024

MMDCCIV : "Rue des Archives", Un roman qui évoque joliment les rues du Marais

 

J'ai découvert récemment dans une bibliothèque familial ce roman de Michel del Castillo. Son titre "rue des Archives" m'a intrigué car j'ai habité rue des Archives pendant près de 20 ans et je me suis demandé si cet ouvrage avait un quelconque rapport avec cette rue.

Je n'ai pas été déçu puisque dans ce livre Michel del Castillo évoque un appartement où a vécu la mère du narrateur (le livre est en grande partie autobiographique). Une mère qui décède et qui laisse un appartement dans un état calamiteux de désordre et de saleté. Or il s'agit bien de la rue des Archives à Paris, avec une vue sur la cour des Archives nationales.

Une grande partie du récit conduit bien loin du Marais mais certains passages évoquent avec beaucoup de poésie le quartier.

Voici mon extrait préféré (évocation de l'arrivée à Paris en 1955) : "Nous ignorions tout de la ville et de ses secrets et déambulation dans ces ruelles [...] Nous tentions de retenir ces noms : rue des Haudriettes, des Quatre-Fils, des Francs-Bourgeois, du Plâtre. Loin de nous aider à nous orienter, ces appellations poétiques nous dépaysaient davantage. Entre Prévert et Queneau, elles dessinaient une topologie onirique". [...] "Dix ans plus tard, dans les années 70, nous marchions encore dans cet étroit village [...] Nous n'allions pas très loin, à l'intérieur d'un périmètre s'étendant de la rue du Temple, à la rue Vieille-du-Temple, ses limites extrêmes étant la rue de la Verrerie et la rue Portefoin. Plus loin vers le nord, s'ouvraient la steppe de la rue de Bretagne, le désert d'Arabie vers le sud, c'est-à-dire la place de l'Hôtel-de-Ville et ses vastes étendues".

Outre son intérêt pour les passages relatifs à Paris, j'ai énormément apprécié ce roman qui est paru en 1994. (voir mon article sur Héliosse 2).

jeudi 18 avril 2024

MMDCCIII : Les animaux de Paris Centre : Les canards du quai François Mitterrand

 

Il y a 15 ans (déjà) j'avais consacré un article aux cygnes de l'Île Saint-Louis (voir article du 23 janvier 2009). En me promenant sur les bords de Seine, le long du quai François Mitterrand, j'ai eu envie de prolonger cet article avec ces trois colverts qui se sont laissés approchés :


mercredi 17 avril 2024

MMDCCII : Les statues du Louvre : Série les personnages (21e volet) : Saint Bernard par François Jouffroy

 

 Voici le 21e épisode de la série relative aux statues qui décorent la cour du Louvre. Il concerne la statue de Saint-Bernard que l'on peut voir dans la partie de l'aile Colbert  :

La statue de Saint-Bernard est la 3ème en partant de la gauche :

ou la 8e en partant de la droite :


 La statue de Saint-Bernard est une des statues les plus impressionnantes de la série. Il rend le bras pour faire un geste de bénédiction vers la cour où se trouve aujourd'hui la pyramide :

On ne peut manquer de la remarquer :

Saint Bernard est né en 1090 à Fontaine-lès-Dijon et il est mort à l'abbaye de Clairvaux le 20 août 1153. C'était un théologien qui a été un des plus importants membres de l'Ordre cistercien. En 1146, il a prêché la 2e Croisade.

La statue est une oeuvre de François Jouffroy né ) Dijon le 1er février 1806 et mort à Laval le 25 juin 1882. On lui doit la statue représentant la Seine (1866) située aux sources de la Seine (voir article du 24 août 2020) : 


 En passant par les escalators de l'aile Richelieu du Louvre, on ne peut pas manquer d'observer l'élégante silhouette de la statue de Saint Bernard :







dimanche 14 avril 2024

MMDCCI : La place la Concorde il y a 100 ans

 

J'ai acquis récemment cette carte postale qui représente la place de la Concorde. Le cachet de la poste a attiré mon attention. On peut y lire que la carte a été envoyée au moment des jeux olympiques de 1924 :

Il est intéressant de noter qu'à cette époque, des automobiles et des véhicules tirés par des chevaux circulaient sur la chaussée comme on peut le voir par exemple dans la partie Sud-Ouest de la place :

Le détail le plus intéressant est au 1er plan. En effet, le pont de la Concorde est dans son état antérieur à son élargissement dans les années 1930 (voir article du 16 juillet 2021)

On voit les blocs sur lesquels étaient situées les statues des grands hommes de l'Histoire de France : 

Voir l'article sur la statue du cardinal de Richelieu

Aujourd'hui le pont de la Concorde a cet aspect. On voit la partie qui a été ajoutée lors des travaux de 1932  (voir article du 16 juillet 2021) :

Pour voir une autre vue de la place de Concorde sous un autre angle, voici une carte postale que j'ai aussi acquise récemment. Elle montre cette fois la place en regardant vers le Sud. Elle a été envoyée en 1933 mais elle date d'avant 1932 car le pont de la Concorde n'est pas encore élargi :

On précise sur cette carte postale une information dont je n'avais pas connaissance : le fait que 2800 personnes ont été guillotinées sur cette place.

jeudi 11 avril 2024

MMDCC : Les façades de Paris Centre : au 28 rue de Richelieu, un immeuble mauresque de la Monarchie de juillet.

 

Au 28 rue de Richelieu (Paris 1er), on peut voir un immeuble qui a un décor assez étonnant et que l'on remarque en observant les deux portails situés à chaque extrémité :

Le décor est d'inspiration mauresque. L'écriture du "28" est particulièrement admirable :

En observant les étages, on retrouve aussi un décor du même style au 2e étage de chaque côté de la façade :

On le voit mieux sur ce détail :

Cet immeuble a été construit pendant le règne de Louis-Philippe (1830-1848) dans le goût orientalisant très à la mode dans la première moitié du XIXe siècle, notamment en raison de la conquête de l'Algérie à partir de 1830. La façade et la toiture ont été inscrits par arrêté du 15 janvier 1975 à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques.

lundi 8 avril 2024

MMDCXCIX : Un tableau de Maurice Utrillo qui montre l'aspect de la partie Nord de la rue des Guillemites avant le bombardement du 26 août 1944

  

Au musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, on peut voir ce tableau peint par Maurice Utrillo en 1911 et qui représente "l'église Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux". On peut y voir le long de l'église une rue qui a disparu aujourd'hui et où on trouve aujourd'hui le square Charles-Victor Langlois :

En effet, jusque dans la première moitié du XXe siècle la rue des Guillemites, qui aujourd'hui relie la rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie à la rue des Blancs Manteaux, se prolongeait au Nord jusqu'à la rue des Francs Bourgeois comme on le voit sur ce plan de la fin du XIXe siècle :

Cela est signalé par une plaque que l'on peut voir dans cet ancien tronçon à l'angle avec la rue des Francs Bourgeois :

Ce raccourcissement de la rue s'explique par le terrible bombardement avec des bombes au phosphore lancées par la Luftwaffe le 26 août 1944 (voir mon article du 13 août 1944). La destruction du pâté de maisons situé côté pair de cette partie de la rue a permis dans les années 1950 la création d'un square.

Voici une comparaison entre la vue par Utrillo en 1911 et le même endroit aujourd'hui :

vendredi 5 avril 2024

MMDCXCVIII : Les rues de Paris centre : Les rues des Jeûneurs... Aucun rapport avec le jeûne mais plutôt avec un espace ludique

 

La rue des Jeûneurs est une rue du 2e arrondissement qui relie la rue Montmartre (à l'Ouest) à la la rue Poissonnière (à l'Est).

 

La partie Ouest de la rue des Jeûneurs vue depuis l'angle avec la rue Saint-Fiacre

La partie Est de la rue des Jeûneurs

 Jusqu'à l’écriture de cet article, je pensais qu'elle avait un rapport avec la religion puisque le nom rappelle les appellations rue des Jacobins, rue des des Cordeliers, rue des Pénitents, .. Je pensais ainsi qu'il s'agissait donc d'une référence à une confrérie qui s'adonnait à des jeûnes particulièrement stricts. Or, il n'en est rien.

En effet le Dictionnaire historique et administratif des rues de Paris de 1844 permet d'apprendre que cette rue portait au XVIIe siècle le nom de "Rue des Jeux Neufs" :

Il semble qu'on y trouvait "deux jeux de boules". Cela est confirmé quand on regarde un plan Turgot des années 1730 :

C'est au cours du XVIIIe siècle que le glissement Jeux Neufs / Jeûneurs a eu lieu puisque sur le plan Verniquet de 1790 la rue porte le nom qu'on lui connait encore aujourd'hui :

La rue s'est agrandie en 1846 car la petite rue Saint-Roch qui la prolonge à l'Est lui a été annexée. Aujourd'hui elle fait ainsi 370m de long.



mardi 2 avril 2024

MMDCXCVII : Les façades de Paris Centre : une façade du XVIIIe siècle à l'angle du 18 rue Poissonnière et du 1 rue Beauregard

 

Au 18 rue Poissonnière, à l'angle avec le 1 rue Beauregard, on trouve un immeuble avec un décor rare à Paris. A l'entresol, les ouvertures comportent le motif suivant :


 Plusieurs éléments indiquent qu'il s'agit d'un immeuble ancien.

Tout d'abord, à l’angle on peut voir que le nom des rues gravées apparait selon la volonté du lieutenant général de police Hérault en 1729 :

Autre détail intéressant, cette façade apparaît sur le plan Turgot des années 1730 : 


On reconnait les deux arcs de cercles que l'on voit rue Poissonnière même si à cette époque la façade ne comportait pas de balcon  qu'on peut y voir aujourd'hui:

Cet immeuble est inscrit à l'inventaire complémentaire du patrimoine. Dans le PLU du 2e arrondissement, il est précisé que cet immeuble a été construit entre 1730 et 1737 par l'architecte Pierre Vigné de Vigny pour le la Faille. De nombreux éléments rappellent que le propriétaire avait été ambassadeur à Constantinople auprès de la Sublime Porte : le tressage croisé est un motif rare "probablement" d'origine turque :

Dans la partie supérieure, le décor grec préfigure le style néo-classique qui deviendra à la mode dans la 2e moitié du XVIIIe siècle :

Le plan Cadastre Vasserot du début du XIXe siècle permet de se rendre compte de l'organisation interne de cet immeuble avec ici à gauche la rue Poissonnière, en bas la rue Beauregard et à droite la rue Notre-Dame de la Recouvran  : 

On voit que(il y avait deux escaliers : un avec une entrée rue Poissonnière, l'autre rue Beauregard.

L'immeuble a connu quelques modifications au XIXe siècle. Il semble notamment que le balcon a été rajouté rue Poissonnière et qu'un étage a été ajouté (notamment si on compare à la façade du plan Turgot) :

On ne sait pas si initialement la façade se prolongeait dans la partie qui donne sur la rue Notre-Dame-de-Recouvrance mais en tout cas aujourd'hui ce n'est plus le cas comme on le voit dans la partie droite de cette photo  :

Pierre Vigné de Vigny, l'architecte de l'immeuble, était né à Saumur le 30 mai 1690. Il est mort à Paris le 6 août 1772. Son portait peinte par Jean Restout est passé en vente chez Art Curial en 2013 

Il avait construit en 1722 le Palais de France à Istanbul. On lui doit aussi sur l'Ile-saint-Louis l'Hôtel de Chenizot (voir article du 5 juin 2009).

Sur le propriétaire, le sire De La Faille je n'ai pas trouvé d'informations.